Dans une friche de l’Île aux fagots, trois pylônes inclinés s’entremêlent, antennes remplacées par des rétroviseurs. Pour son installation Vestige, la plasticienne Céline Lastennet est partie de l’observation de ces grands poteaux métalliques qui hérissent la périphérie des villes. Leurs immenses silhouettes témoignent de l’étirement du paysage, que les rêves de progrès verticalisent en panoramas effrayants et fascinants à la fois. Pour la plasticienne, les Hortillonnages sont un exemple de l’usure de ces espaces, dont il est illusoire de contrôler le processus de déchirement et d’enfouissement. Son œuvre oscille entre élévation et abandon, en vestige d’une société future ou signe d’un désastre à venir. L’assemblage d’antennes en tension renverse ici les repères, brouillant la perception habituelle de l’espace : en jouant avec les reflets des miroirs, l’artiste affranchit son œuvre de l’ancrage terrestre. Haut et bas, ciel et sol se confondent, le vertige de la chute ramenant l’observateur à sa condition d’être soumis à la pesanteur.
L'artiste
Céline Lastennet