La morphologie fragmentaire des Hortillonnages d’Amiens engage le jeu du multiple et de l’unique, du morcellement et de la séparation. Le principe de frontière dès lors apparaît, et l’idée de tenter de relier deux bords fait surface. La porosité de ces notions, entre terre et eau, entre nature et culture, peut ici être reflétée par la fragilité des berges. Affaissement se traduit par une colonne maintenue ou retenue, par un assemblage de bois brûlés en guise de pilotis. Ce colosse au pied d’argile est ainsi tenu en oblique, entre deux états, ni allongé, ni debout. Pouvant alors imaginer que cet élément artificiel puisse relier deux rivages. L’installation n’est ni une colonne dressée, ni une traverse ; on peut en fait voir une faiblesse, un affaissement retenu dans une certaine urgence, ou une tentative d’élévation selon le sens de lecture que l’on veut lui accorder. Symbole architectural, la colonne est un élément de maintien pouvant paraître le plus sûr ; elle se retrouve alors adossée, soutenue par des béquilles précaires calcinées, s’apparentant à un échafaudage, en attente de… Ce suspens aborde la question de l’éphémère et de l’équilibre, d’un état transitoire où les certitudes sont remises en doute. Jouant d’aller retour entre ces différentes notions, les rapports de force et d’opposition se mêlent et se renversent. Ce serait peut-être l’expression d’une urbanité qui gagne toujours plus de terrain, parfois à péril ; un phénomène dont sont encore préservées les parcelles des Hortillonnages.
L'artiste
Simon Augade