Le projet de La Cale s’inscrit dans le processus de construction et d’entretien des îles artificielles. La terre draguée au fond de l’eau est remontée à la surface et remplit des îles aux berges soutenues. Le détournement de cette technique traditionnelle mène les artistes à un dispositif : une simple cale en bois qui achemine les limons extraits à la seule force des bras pour construire des mégalithes de terre, symbole des Hortillonnages. Une métaphore de la lutte perpétuelle du site avec leur environnement direct.
La nature même des Hortillonnages, ce paysage façonné, entretenu, classé mais inconditionnellement précaire donne matière à réflexion. Le plan incliné de la cale qui naît à la surface de l’eau pour prendre de la hauteur sur la berge raconte aussi l’instabilité de cet environnement, celle des inondations, selon les saisons ou encore la montée des eaux générales. La cale qui se raccourcit, les berges qui se fragilisent sont des variables à anticiper sur le plus long terme. Ainsi le visiteur est amené à se projeter, à prendre conscience du lieu qu’il parcourt et des conséquences du changement climatique sur celui-ci : Hortillonnages réduits, surélevés, désagrégés ou même disparus.
A son extrémité, le monticule nouvellement amoncelé découvre ses strates et ses sédiments : son anatomie, mais aussi sa fragilité et son instabilité. Le sommet du tertre accueille les espèces pionnières de la ripisylve : salix, fraxinus, alnus… Ce jardin suspendu témoigne de la fragilité des îles et de l’importance du maintien des écosystèmes alluviaux. Il deviendra peut-être l’île rescapée de demain… Son usage se veut double, une installation tant évocatrice que fonctionnelle. La nouvelle jetée est un dispositif pour s’élever, explorer un cœur d’îlot sous un autre angle. Mais c’est aussi une installation qui incite à la contemplation de l’environnement dans lequel il se trouve.
L'artiste
Les Marneurs & Collectif Dallas