Le jardin des trois colonnes associe un fragment d’architecture en terre crue et une végétation en libre évolution sur une petite île de l’étang de Clermont. La construction en terre crue est peu connue, mais elle est une alternative sérieuse aux matériaux de construction industriels responsables d’importantes émissions de gaz à effets de serre. La terre est un matériau géosourcé, abondant et bon marché, son utilisation ne crée pas de déchets lors de sa destruction, la terre retourne à la terre.
Les colonnes sont construites en utilisant la technique traditionnelle du pisé, qui consiste à compacter par couches successives une terre légèrement humide dans un coffrage en bois, afin de former des murs le plus souvent massifs et droits. Les trois colonnes explorent les potentiels plastiques de la terre en utilisant un coffrage tubulaire qui permet cette forme fasciculée dont la surface joue d’ombre et de lumière.
La mise en œuvre du pisé évoque le travail de l’homme dans les hortillonnages : des îles consolidées par des palplanches en bois qui maintiennent la vase déposée régulièrement par les hortillons. Autour des colonnes, les massifs plantés forment un écrin évanescent qui contraste avec le reste de la parcelle offert aux dynamiques naturelles. Les hortillonnages ont une richesse biologique exceptionnelle que la mise en libre évolution du milieu permet de découvrir. Cette végétation spontanée promet des surprises à ceux qui prennent le temps de l’observer.
Sans toit, les colonnes paraissent vestige d’un ensemble plus grand, disparu. Si la poésie des ruines nous parle des marques du temps et de l’existence fragile, elle trouve une résonance vivante dans les échos du jardin.
L'artiste
Vincent Dumay & Baptiste Wullschleger