Black Ship > Julia Cottin, 2018
Au bord d’un îlot, une ossature en bois brûlé émerge des eaux. Sa fragile charpente semble tenir à grand peine, comme si elle avait été malmenée par les vagues. Mais s’agit-il vraiment d’une épave ? La plasticienne Julia Cottin a dessiné sa silhouette en plongeant dans ses archives, des centaines de photographies qu’elle amasse en surfant sur Internet. Tout ici est ambigu : l’assemblage, à la fois monumental et fragile, évoque aussi bien la maquette que le squelette, le phasme que le navire. Son délabrement renvoie autant à la ruine qu’à la construction inachevée, à la catastrophe lointaine ou au passage du temps. Brouillant les repères, l’installation convoque l’idée d’un ici et d’un ailleurs. A la fois onirique et concrète, l’artiste la rattache à l’hétérotopie, un concept cher au philosophe Michel Foucault : certains espaces, et par exemple les bateaux, hébergeraient l’imaginaire de notre société.
L'artiste
Julia Cottin