Au fil des siècles, l’évolution des sociétés et l’expansion de la race humaine ont amené la nature à être ordonnée, défigurée, dans le but de la rendre habitable. Mais « L’inhabitable, c’est l’aménagé. Ce n’est pas la nature hostile ou inhospitalière qui est inhabitable, c’est l’espace ordonné par l’homme », écrit Paul Robin, dans un essai publié sur le site Anthélie et consacré à Espèces d’espaces, de Georges Perec (1974) – plus particulièrement au paragraphe « l’inhabitable » (chapitre « L’espace »). En effet, l’être humain a ce besoin, cette habitude, voire cette obsession, de s’accaparer le territoire qu’il occupepour le faire sien ; de rendre artificiel et sous son contrôle tout espace naturel, ou désordonné, ainsi que de consommer à outrance.
Pour mettre en miroir cette obsession, le collectif 1⁄6 présente Fast Wood. Comme son nom le sous-entend, il s’agit d’un concept de restauration rapide implanté au cœur des Hortillonnages, sur « l’île de l’éducateur ». Constituée d’un exosquelette en bois, l’installation reprend les critères esthétiques propres aux différentes chaînes de restauration rapide présentes à travers le globe. A cela s’ajoute un menu revisité qui puise sa source dans la culture picarde, des affiches publicitaires à l’effigie du restaurant, ainsi qu’un point gps accessible sur l’application Google Maps, concrétisant ainsi le commerce.
Le collectif 1⁄6 permet au visiteur de prendre conscience de cet état de fait, en l’intriguant, le perturbant, et surtout en le questionnant sur cette obsession. Il dévoile l’impact de la société et de sa culture sur l’environnement dans ce lieu naturel, verdoyant et protégé, le temps d’une saison.
Cette installation, aux couleurs vives, troublera le regard des visiteurs qui s’interrogeront, ou même s’insurgeront de voir un fast-food dans un espace de verdure.
L'artiste
Collectif 1/6