Le jardin d’Érode > Wagon Landscaping, 2011
S’éroder est un verbe que les hortillons connaissent bien. Chaque année, les cultivateurs doivent curer fossés et canaux, remonter vase et limons pour que radis, carottes et oignons continuent de pousser dans les parcelles. Suivant leur entretien, ces champs au fil de l’eau se classent du « très entretenu » au « complétement abandonné ». L’aire AB5, petite parcelle boisée au sud du marais, se situe dans un entre-deux. Pour l’aider dans son incessant combat contre le marécage, le paysagiste Mathieu Gontier a créé le jardin d’Érode, un aménagement intelligent qui lutte de lui-même contre la lente dissolution des berges. Imaginé pour l’occasion, un dispositif de consolidation en hérisse les rives : prothèses en bois géantes, ces avancées piègent les débris flottants dans les canaux en même temps qu’elles soutiennent les racines des arbres. À l’intérieur, des vivaces à larges feuilles telles que le Gunnera ou le Petasite japonica aident à la régénération du sol en produisant de la biomasse en abondance. Enfin, des pieux indiquent l’ancien périmètre de l’île – une manière simple de suivre l’évolution d’un endroit en perpétuelle mutation.
L'artiste
Wagon Landscaping : Mathieu Gontier, avec la participation de Chloé Francisci