Les œuvres de Céline Cléron naissent très souvent d’un glissement ou d’un télescopage. L’artiste aime à établir un tissu de correspondances entre l’Histoire et la Nature, l’art et l’archéologie, ou les œuvres classiques. Ses créations réveillent de nombreuses images, une image en révélant une autre, et suscitant des histoires où le fabuleux peut naître du prosaïque tout en apportant une temporalité étrange dans le présent.
Dans son installation, ironiquement intitulée Nature permanente, l’artiste croise avec humour l’archétype de l’anti-séduction féminine – le bigoudi – et l’aura romantique et ornementale du saule pleureur décrit dans la littérature comme l’arbre de la mélancolie et du souvenir nostalgique.
Ainsi Nature permanente résulte-t-elle d’un croisement, d’un télescopage entre la « chevelure » du saule pleureur et une apparition quasi animiste, telle une présence fantomatique tissant un lien entre le végétal et l’humain. L’objet « bigoudi » rend le saule pleureur sujet et l’anthropomorphise, l’amenant dans la sphère humaine, en lui attribuant un « esprit » ancestral à la manière des ontologies animistes.
L’Île aux Fagots prend des airs de forêt sacrée…
Pour l’artiste, le rapport au souvenir comme au jeu se tisse dans le détournement, selon une tension persistante entre ce qui est figé et ce qui est en mouvement, entre permanence et impermanence, origines et évolution, fondamentaux et inventions, l’équilibre se jouant dans l’espièglerie de l’artiste et le plaisir du visiteur.
L'artiste
Céline Cléron