La plasticienne Solène Ortoli aime implanter ses projets à la lisière entre le réel et le songe. Le jardin qu’elle a imaginé pour le Festival des Hortillonnages a été conçu à partir de ce flou, sur un îlot planté d’aulnes et de bouleaux. Dès sa première visite, l’artiste a été attirée par les qualités graphiques de la parcelle, par ses alignements de troncs et sa succession de plans boisés, qui évoquent pour elle les étapes d’une narration. C’est en suivant ce fil narratif qu’elle a composé un espace en deux parties, qui joue avec le paysage des Hortillonnages comme le ferait une scène de théâtre. Miroirs, ouvertures et fenêtres y dévoilent et déforment les panoramas au fur et à mesure de l’avancée du visiteur. Celui-ci est d’abord pris au piège d’un jeu de diffractions et de reflets, qui rend l’horizon soudain insaisissable. Au loin, une structure en bois interpelle : est-ce un décor de théâtre ou un morceau d’architecture ? Au creux des murs, des percées créent des lignes de fuite vers l’arrière de la parcelle : le promeneur, dont le parcours s’arrête ici, n’a plus qu’à s’y plonger, le regard perdu dans le lointain.
L'artiste
Solène Ortoli