Jardin de la Paix britannique – « No man’s land », 2025
Le jardin s’inspire de l’histoire de Richebourg pendant la Première Guerre mondiale et vise à mêler les paysages du Sussex et du nord de la France. Il illustre le pouvoir de la nature à guérir les blessures physiques et mentales de la guerre.
La bataille de Boar’s Head, près de Richebourg, a eu lieu en juin 1916. En moins de cinq heures, les trois bataillons des South Downs du Royal Sussex Regiment ont perdu 366 hommes, dont 12 fratries, et trois frères d’une même famille. Un millier d’autres ont été blessés ou faits prisonniers. Cette bataille est surnommée « Le Jour où le Sussex est mort ». Cet événement tragique a inspiré la conception du Jardin de la Paix.
Le visiteur entre dans le jardin par un bois de noisetiers taillés en cépée, typique du Sussex, avec un tapis de jacinthes sauvages et de fleurs des bois. Les arbres s’éclaircissent progressivement, laissant place à quelques bouleaux et chênes, espèces pionnières qui s’étendent vers la prairie du « No Man’s Land ». Cette prairie, semée de fleurs sauvages, est traversée par un sentier blanc, inspiré des falaises crayeuses du Sussex. Un banc en bois offre un espace de repos et de contemplation. Le chemin, d’abord en craie blanche, devient ensuite en briques et pénètre dans un ancien verger où des arbres fruitiers se dressent, avec des fleurs sauvages poussant à leur pied.
Une carte militaire de Richebourg, illustrant la bataille de Boar’s Head, indique des tranchées de ravitaillement nommées d’après des arbres fruitiers et des vergers : Orchard CT, Plum Street et Pear Street. Le cimetière militaire voisin de Saint-Vaast était autrefois un verger où les soldats furent enterrés.
L’accès au jardin se fait depuis la rue de la Briqueterie, où se trouvait une ancienne fabrique de briques. Après la Première Guerre mondiale, de nombreuses usines furent construites dans le nord de la France pour fournir des briques à la reconstruction. La brique, matériau de construction traditionnel en Flandre, est ici utilisée pour évoquer cette période de renouveau. Les joints noirs font référence aux terrils noirs de l’industrie minière avoisinante.
Le jardin représente les tranchées et un no man’s land, typiques de la guerre de 1914-1918. L’agencement en zigzag des chemins s’inspire du crénelage des tranchées de combat visibles sur les cartes militaires de Richebourg.
Les South Downs forment une vaste chaîne de collines crayeuses s’étendant entre le Hampshire et le Sussex. Le mot « downs » provient de l’ancien anglais « dun », signifiant colline. Ce paysage a été façonné par l’activité humaine depuis le Néolithique. Sur ces collines, une fine couche de sol recouvre la craie, formant des prairies rares et riches en fleurs sauvages. Les moutons en pâture y laissent des sentiers blancs, comme en témoigne la peinture « Chalk Paths » (1935) d’Eric Ravilious.
Dans les vallées du Sussex Weald, les forêts étaient taillées en taillis pour produire du bois destiné aux clôtures et à la fabrication de charbon de bois. La technique du taillis consiste à couper les arbres tous les 7 à 10 ans, permettant à de nouvelles pousses de se régénérer rapidement. Ce cycle durable assure un approvisionnement continu en bois sans tuer l’arbre. Le mot anglais « coppice » vient du verbe français « couper ». Lorsqu’une zone de forêt est exploitée en taillis, une clairière se forme, exposant les graines du sol à la lumière, favorisant ainsi leur germination. Les boisements en taillis possèdent une flore très riche, avec des plantes emblématiques telles que les jacinthes sauvages, les anémones des bois et l’ail des ours.