
© Hideyuki Ishibashi
L’histoire de la photographie est étroitement liée au développement des technologies permettant de fixer des images éphémères sur divers supports, capturant ce que nos rétines perçoivent. Elle est marquée par des accidents, des malentendus et des prototypes qui ont façonné l’évolution des technologies permettant de fixer des images éphémères, et transformant ainsi notre perception de la réalité.
En s’intéressant au Makyo, « miroir magique » japonais du 1er siècle av. J.-C., l’artiste Hideyuki Ishibashi découvre un phénomène optique fascinant : des irrégularités microscopiques sur sa surface en bronze permettent de projeter des images cachées.
Dans la tradition japonaise, le soleil est une divinité suprême liée à l’agriculture et à la vie, et cette vénération se reflète dans de nombreux rituels et croyances qui persistent encore aujourd’hui. Il est utilisé dans les rituels et comme objet funéraire en raison de sa capacité à refléter la lumière divine.
Comme la lanterne magique en Europe, le Makyo provoquait une forme de crainte au Japon. Des recherches récentes, notamment par le biais de reproductions réalisées avec des imprimantes 3D, ont révélé que le Sankakubuchi-Shinjyu-Kyo, un miroir utilisé par Himiko, reine mythologique japonaise, était en réalité un Makyo. En l’utilisant, Himiko projetait des symboles sacrés et était perçue par son peuple comme une chamane capable de maîtriser le soleil.
La technique du Makyo a également été utilisée au début du 16e siècle pendant les persécutions chrétiennes, pour dissimuler l’image du Christ. Les croyants cachés priaient en contemplant l’image projetée par la lumière du soleil.
Nées des recherches d’Hideyuki Ishibashi sur la lumière et l’image, l’installation Rétine (voir le voir) explore la relation entre ce qui peut être vu et ce qui échappe à notre perception. Gravées de manière quasi imperceptible sur des plaques de cuivre, des images de plantes et de légumes autrefois cultivés dans les Hortillonnages apparaissent de manière éphémère grâce à la réflexion de la lumière du soleil sur la surface de cinq « miroirs magiques » inclinables, que les visiteurs sont invités à manipuler.
Les images projetées par la lumière du soleil évoquent celles de la Camera Lucida, un appareil optique ayant joué un rôle fondamental dans l’émergence de la photographie. En explorant les phénomènes optiques primitifs — la réflexion et la projection — Rétine ouvre de nouveaux questionnements sur l’acte-même de voir.
L’installation Rétine (voir le voir) a été produite par l’Institut pour la photographie des Hauts-de-France avec le soutien de Verbrugge Performance Coatings.
Hideyuki Ishibashi remercie tout spécialement Vincent Valenduc pour son aide et son expertise technique dans la réalisation de cette œuvre.
L'artiste
Hideyuki Ishibashi