Dans les Hortillonnages, il est d’usage de donner à la parcelle le nom de son propriétaire. Ironie du sort, les propriétaires de cette île, qu’il fut très difficile de retrouver, se nommaient bel et bien Monsieur et Madame Perdu ! La situation géographique de leur propriété, au centre de l’étang de Clermont, en fait un observatoire idéal sur les mutations des Hortillonnages, qui, depuis les années 80, voient leur identité maraîchère évoluer vers la culture du « jardinet ». Le projet de l’île Perdu(e) accompagne cette métamorphose : conservant le morceau d’île existant, les paysagistes ont choisi d’en restaurer la berge en tressant du saule vivant, redessinant la surface de l’île de jadis. Ce travail de couture en plusieurs phases permet de rendre lisible l’impact du temps. La nouvelle berge est plantée et se traverse grâce à des pontons en acier Corten, qui orientent les points de vue et permettent l’accès en barque. L’île se parcourt dès lors comme un livre ouvert, ornée de stèles mémoire et de meubles-sculptures qui invitent à la méditation et à la contemplation du paysage. Au cœur de l’île, une cabane est réhabilitée en « boutique souvenirs ». On y trouve des cartes postales mémoires et une collection de livrets qui déroulent l’histoire de l’île d’année en année, dans sa relation au Musée de Picardie et à ses sculpteurs et artistes, pour diffuser le message de l’île bien au-delà de ses eaux : « le paysage, une œuvre vivante ».
L'artiste
Elyse Ragueneau, Astrid Verspieren